Amadou Tounkara, les sept vies d’un exilé

 Amadou Tounkara, 40 ans, est passionné par les arts depuis sa tendre enfance sénégalaise. Il a délaissé la musique pour se consacrer entièrement à la peinture. Un art très imagé qu’il exprime entre la France, le Sénégal et le Japon. Portrait.

L'artiste sénégalais Amadou Tounkara en résidence à Nantes pour le festival Palabres Urbaines. Crédit photo: Hugo Philippon.

L’artiste sénégalais Amadou Tounkara en résidence à Nantes pour le festival Palabres Urbaines. Crédit photo: Hugo Philippon.

« Parfois je rêve en japonais… ». Amadou Tounkara a vécu un quart de sa vie au pays du Soleil levant où il a fondé l’unique restaurant sénégalais. Cet artiste était à Nantes pour exposer ses peintures dans le cadre du festival Palabres Urbaines.

Lors d’une rencontre dans sa résidence artistique à la Fabrique des Dervallières il a pu présenter son parcours et son travail. Au premier coup d’œil, ses peintures dégagent beaucoup de couleurs et de vie. Il explique d’emblée que quand il est fatigué, il retrouve son énergie grâce à sa passion qui l’anime depuis l’enfance. D’autant plus que son œuvre célèbre la notion de passage, d’étapes dans la vie, à travers des portes et des fenêtres…

« La porte du voyage sans retour »

L’ idée de passage commence symboliquement sur l’île de Gorée, au Sénégal. Il s’y trouve une porte, pas n’importe laquelle, il s’agit de « la porte du voyage sans retour ». Un  aller simple pour les esclaves, qui, à l’époque du marché triangulaire,  passaient par cette sortie qui constituait pour eux un adieu à l’Afrique.

Cette idée d’exil revient sans cesse dans le parcours d’Amadou. Dans chacune de ses peintures, l’artiste pense à ces esclaves partis à jamais. Il a lui-même fait le grand pas de l’exil. Du Sénégal au Japon. Ce pays qu’il dit ne pas vraiment l’intéresser au départ, il y reste pendant dix ans.

Quelle motivation ? L’amour d’une femme. Avide de savoirs, il poursuit des études pour apprendre le japonais et approfondir sa connaissance de la culture du pays. Entre l’Afrique et l’Asie,  c’est le « clash culturel ». Pourtant, passion et motivation permettent à Amadou de franchir assez facilement ce « passage ». Fait étonnant, il ne trouve pas beaucoup de différences entre les traditions artistiques des deux pays et mélange les deux cultures dans son œuvre.

Amadou expose sa passion artistique à la Fabrique des Dervallières. Crédit Photo: Hugo Philippon.

Amadou expose sa passion artistique à la Fabrique des Dervallières. Crédit Photo: Hugo Philippon.

«L’inspiration dans le silence »

« Chaque chose que l’on fait est une porte qui s’ouvre dans notre vie ». Pour Amadou, la vie est une succession de sept portes qui s’ouvrent sans cesse dans son art : la naissance, l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte, la maturité, la vieillesse et la mort. Il dit essayer de peindre tous les jours et éviter les couleurs primaires pour donner plus de sens à son idée.

Avant, il écoutait de la musique dans son travail mais aujourd’hui il préfère le calme pour « laisser place à mon imagination ». Il peint dans plusieurs lieux et dans différentes circonstances, dans son atelier ou pendant des concerts.

Amadou pratique en effet le live painting, une technique qui consiste à suivre la rythmique de la musique tout en peignant. Pendant l’introduction il commence par les détails et lors des refrains, il laisse place à son imagination.

Le public a pu découvrir cette pratique lors de l’inauguration, le 6 décembre, de l’exposition Palabres urbaines à l’espace Cosmopolis à Nantes. Vous pouvez y découvrir le travail d’Amadou Tounkara jusqu’au 4 janvier 2014 et ensuite à Dijon.

Par Bastien Goyec du lycée Sacré Cœur à Nantes, Crédit photo: Hugo Philippon

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