Aliou Sané, parcours d’un engagé

Aliou Sané est un jeune Sénégalais de 31 ans. Plutôt grand, il n’a pas besoin d’un « costard cravate » pour avoir fière allure. Passionné lorsqu’il s’exprime, il a une belle facilité à communiquer. Rencontre au lycée Sacré-Cœur, en novembre, lors de son passage en France.

Aliou Sané lors de sa visite au lycée Sacré Cœur le 14 novembre 2013. Crédit photo: Marc-Antoine Pichot.

Aliou Sané lors de sa visite au lycée Sacré Cœur le 14 novembre 2013. Crédit photo: Marc-Antoine Pichot.

Le parcours d’Aliou Sané ressemble à une lente maturation.  Il obtient sa licence de journalisme à l’ISSIC de Dakar (Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication) et poursuit  avec un diplôme en communication.

Ce Sénégalais affable a ensuite  exercé dans la presse écrite pendant cinq ans et a poursuivi pendant un an à la télévision nationale sénégalaise (RTS). Depuis 2008, il travaille dans une organisation non gouvernementale (ONG) en parallèle de reportages sur le développement durable, «à la base je suis  journaliste mais de façon plus large mon métier c’est la communication sociale ».

Lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi cette profession, il nous répond en souriant : « Quand des amis connus au CM2 me demandent ce que je fais comme métier, ils ne sont jamais surpris quand je leur dis que  je suis journaliste ».

« Il faut s’engager ! »

Aliou, deux rappeurs et un autre journaliste se retrouvent un soir dans une pièce éclairée à la bougie pour discuter  politique, avec comme mot d’ordre : « il faut s’engager ! ». Ce qui a déclenché cette envie impérieuse ? La peuple sénégalais n’avait même plus le minimum pour vivre :  plus d’électricité par exemple.

« Ils [les politiques] sont arrivés au pouvoir,  ont accaparé les ressources du pays au détriment des  populations ». Le  premier message qu’ils souhaitent faire passer auprès des jeunes sénégalais: se battre contre le fatalisme et aller s’inscrire sur les listes électorales.

Le collectif « Y’en a marre » est né. Peu à peu, il mobilise les foules qui répondent à cet appel démocratique. Aliou nous illustre métaphoriquement une nouvelle prise de conscience des siens, «dans la plupart des familles sénégalaises,  le couteau qui va égorger le mouton est une représentation de la carte d’électeur qui leur permettra d’égorger le système».

Lorsque Abdoulaye Wade – président (contesté) du Sénégal depuis 2000, apprend que les jeunes se sont inscrits en masse sur les listes électorales,  il essaye de faire passer une loi dite de « quart bloquant » pour être élu avec 25% des voix.

Pour exprimer son opposition, la population organise de grandes manifestations, malgré la pression de la police La mobilisation enclenchée par « Y’en a marre » empêche  finalement  la loi de passer, Wade quitte le pouvoir en 2012 suite à sa défaite face à Macky Sall. « Les politiques commencent à comprendre que le pouvoir appartient au peuple », conclut Aliou Sané.

Par Marc-Antoine Pichot et Lindsay Guillard du lycée Sacré Cœur à Nantes. Crédit photo : Marc-Antoine Pichot.

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