Paul Biya cc Commonwealth Secretariat

À la Biya, à la mort

24 avril 2013

Paul Biya, 80 ans, n’a pas un cheveu blanc sur la tête et le sourire toujours aux lèvres, à croire que le temps n’a pas d’effet sur lui. Il est à la tête du Cameroun depuis plus de 30 ans.

Originaire du centre du pays, Paul Biya commence ses études de droit à la fin des années 1950 à Yaoundé , la capitale camerounaise, puis s’en va en France pour les poursuivre entre 1960 et 1963. Celui-ci obtient alors un diplôme en droit public et un diplôme d’études politiques. Très rapidement après ses diplômes, ce bamiléké (ethnie du centre du Cameroun) est de retour dans son pays et gravit rapidement les échelons.

En juillet 1965 il devient secrétaire général du ministère de l’éducation nationale. Deux ans plus tard il est bombardé directeur du cabinet civil du président de l’époque, Ahmadou Ahidjo. Dans cette course folle à la conquête du pays il est nommé ministre en juin 1975.

Paul Biya en 1984 cc Kenneth E. Noyes

Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Le 6 novembre 1982 il devient « temporairement » président de la République suite à la démission de monsieur Ahmadou Ahidjo. Il hérite d’un pays économiquement fort mais en dix ans il parvient à vider les caisses de l’État, comme l’illustre une très populaire chanson camerounaise :

« Paul Biya où est l’argent ? Mais où donc s’en est allé l’argent ?
Le macabo se brade. Le sel vaut de l’or
Se brade le manioc alors que la viande de bœuf est intouchable
La banane se vend mal, la ville de Yaoundé est chère
Paul Biya où est l’argent ? Mais où donc s’en est allé l‘argent ?

Qu’as-tu donc fait de l‘argent ? » (1)

Toujours président en 2013, il se cramponne à la tête du Cameroun depuis pratiquement 31 ans. Dans un pays ou plus de la moitié de la population a moins de 30 ans, une génération entière (bientôt deux ?) n’a pas connu  d’autre régime que celui de Paul Biya.

Paul Biya en 2009 cc The White House

Aujourd’hui nombreux sont ceux qui pensent que les règles de droit ne seraient pas respectées dans ce pays. En effet la date des élections législatives est sans cesse reportée. De plus, la constitution a été modifiée pour permettre à Paul Biya d’effectuer un troisième mandat. « Finalement, c’est lui qui contrôle tout » confiait un étudiant camerounais exilé à Nantes, sous couvert d’anonymat (2).

D’autres reprochent à la justice de ne rien faire contre la corruption mais de s’acharner contre les opposants au président. C’est le cas anciens hauts responsables politiques camerounais comme Marafa Hamidou Yaya, ex secrétaire général auprès de la présidence, qui va même jusqu’à réclamer le départ de Paul Biya : « L’après-Biya doit commencer. La manne pétrolière est en train de se tarir » (3).

1. Tirée du site Politique-Africaine.com

2. Interview sur Identités & Citoyennetés

3. Le Monde, mercredi 30 janvier 2013

Par Daphnelle Tchouateu et Alice Legrand-Legris

Photos CC Kenneth E. Noyes, Commonwealth Secretariat et The White House

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