Pussy Riot cc Denis Bochkarev

Pussy Riot, le retour du goulag

18 juin 2013

La liberté d’expression est régulièrement mise à mal dans la Russie de Vladimir Poutine, tour à tour président puis premier ministre russe depuis 2000. Dernier exemple marquant avec la censure et la répression qui a frappé un groupe de musique féminin et féministe en 2012. Retour sur l’affaire des Pussy Riot

Les Pussy Riot sont un groupe punk féministe russe créé fin 2011. Le 21 février 2012, au cours d’une célébration, d’une prière « anti-Poutine », les artistes ont chanté dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur de Moscou : « Vierge Marie, sois féministe,chasse Poutine ! ». Suite à cela, trois membres du groupe Pussy Riot ont été emprisonnées pour « hooliganisme » et « incitation à la haine religieuse ».

L’une d’entre elles, Ekaterina Samoutsevitch,  a été remise en liberté le 10 octobre 2012.Dans un article en ligne du journal Libération du 11 octobre 2012, elle déclare avoir été bien traitée. Cependant, un article du même journal paru huit jours plus tard montre que son discours a changé du tout au tout, puisqu’elle a saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), dénonçant des atteintes à sa liberté d’expression, ainsi que ses conditions de détention.

Maria Alekhina, l’une des deux  membres du groupe restés en prison, a fait appel de cette incarcération. Sa demande a été refusée le 16 janvier 2013. Elle demandait à ce que sa peine soit reportée jusqu’à ce que son fils ait 14 ans. Le gouvernement russe est resté impassible devant cette requête. Nadejda Tolokonnikova, l’autre « prisonnière », avait également fait appel contre son emprisonnement. Cette requête n’a toujours pas été retenue, une audience n’a même pas été envisagée.

Pussy Riot cc Denis Bochkarev

Selon un sondage du centre de recherche et d’analyse indépendant Levada, rendu public le 10 octobre 2012, « 69% des Russes approuvent la sentence, 35 % la jugeant appropriée ou indulgente (34 %), contre 14 % la jugeant excessive ».

France Russie CEI, « en tant qu’association essentiellement culturelle d’échanges avec la Russie » à Nantes, a été sollicitée pour fournir un éclairage sur cette affaire Pussy Riot. François Papin, président de  FR-CEI, a fait savoir que la structure  ne souhaitait pas se « prononcer sur les sujets politiques liés à ce pays ou aux républiques qui lui ont été attachées au cours de l’histoire. »

« Chacun dans notre association peut avoir des opinions différentes quant aux informations qui nous parviennent sur la question de la liberté d’expression en Russie » rappelle-t-il, « et notre association se doit de préserver une certaine neutralité par respect des différences de sensibilités. »

En 2013, l’emprisonnement des Pussy Riot provoque encore des remous, de la Moskova à la Loire.

Par Suzanne Garnier et Cécile Templé

Photos  cc Denis Bochkarev

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