Rachid Moustafy, prof d’anglais en Malaisie: « Il vaut mieux avoir des regrets que des remords »

Le lundi 26 février, pendant les vacances scolaires, nous avons interviewé Rachid Moustafy au collège Ernest Renan. Il était élève au collège, maintenant professeur en Malaisie. Nous avons parlé de son parcours depuis Renan.

Par Cherine, Clément, Ibrahim, et Iman

Rachid Moustafy nous raconte ses études et son parcours

 

Iman : Pouvez-vous nous raconter vos meilleurs souvenirs au collège Renan ?

Plein de souvenirs, surtout des cours, des cours avec certains professeurs, en histoire-géo avec M. Pire et en EPS avec M. Créach.

Ibrahim : Quel a été votre parcours scolaire après Renan ?

Le lycée le plus proche était Albert Camus, puis je suis allé à la fac.

Clément : Comment êtes-vous devenu professeur ? Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

Au départ j’ai eu mon Bac, ensuite à l’université j’ai fait quelque chose qui s’appelle L.E.A. (Langues Etrangères Appliquées). (…) Ensuite en licence pendant les vacances je voulais faire un stage dans un pays à l’étranger ; donc j’ai réussi à aller à l’étranger, aux Etats-Unis, (…) ensuite quand je suis revenu, j’ai passé ma maîtrise. Tout de suite après il y avait un job qui s’est offert à moi, c’était en fait à Chicago pour une compagnie aérienne américaine et à un moment donné (…) il a fallu que je revienne (…) et quelqu’un m’a dit que l’Education Nationale avait besoin de professeurs (…) donc j’ai commencé par faire des remplacements et le premier cours, le premier jour, il y a quelque chose de magique qui s’est passé (…) et je me suis dit: « C’est peut-être fait pour moi »; donc j’ai continué, et puis (…) j’ai passé le concours et j’ai commencé l’enseignement de manière, on va dire, sérieuse.

Cherine : Pourquoi avez-vous choisi la Malaisie pour enseigner et pas les Etats-Unis ?

Quand on m’a dit qu’il y avait des lycées français à l’étranger (il y en a plus de 500), j’avais envie de connaître l’Asie et donc j’ai candidaté pour la Chine, (…) et mon dossier est arrivé un jour en retard. (…) Après j’ai regardé les autres (…) opportunités qu’il y avait en Asie, et donc il y avait la Malaisie.

Ibrahim : Est-ce qu’en Malaisie on parle beaucoup l’anglais ?

Absolument. Et c’est dommage parce qu’en fait, à cause de cela, je ne me suis pas mis au malais.

Ibrahim : Qu’est-ce qui vous plaît dans votre vie à Kuala Lumpur ?

Ce qui me plaît c’est très simple, déjà les différentes cultures (…) que l’on ne connaît pas ici (…), c’est des cultures (…) parfois millénaires (je parle de la culture chinoise et ainsi de suite). (…) Donc en fait en Malaisie il y a trois groupes ethniques (…): il y a des Chinois, des Malais et il y a des Indiens. (…) Ce qui me plaît le plus c’est quelque chose que malheureusement on n’a pas encore ici, c’est qu’en fait ces minorités (…) quand ils célèbrent des fêtes, des festivals, tout le pays profite (…) et en fait ils célèbrent la diversité. Et en Malaisie il n’y a pas (…) de saison, il fait tout le temps beau, il fait tout le temps très chaud. (…) En fait les saisons c’est les différentes célébrations qu’ils ont.

Après (ce qui me plaît, ce sont) les langues (…).

En fait (…) ils vivent de manière très simple, (…) mais ils se respectent (…), et ils arrivent à se maîtriser. (…) Ça vient à mon sens de leur éducation, de l’éducation des parents qui ne lâchent pas. (…)

Ce qui me plaît encore plus c’est qu’en fait ils sont de religions différentes, de cultures différentes, de langues différentes et ainsi de suite, mais ils forment réellement une vraie famille. (…) Donc ils se respectent les uns les autres, c’est quelque chose qui me plaît.

Ibrahim : Et qu’est-ce qui vous manque ?

La gastronomie française. (…) En fait il y a quand même quelques petits restaurants français mais les tarifs sont très très très élevés donc je préfère attendre de revenir en vacances ici pour manger à la française.

Bien entendu ça va sans dire, ma famille. (…) Mais grâce aux technologies (…) il me semble que je suis plus proche de mes enfants que certains parents. (…) Je leur dis : « Prenez votre téléphone, on va sur Skype », ils mettent un casque, je suis seul avec eux et ils me disent tout ce qu’ils ont envie de me dire, (…) et je les écoute et puis moi aussi… Ils font en fait ce qu’on est en train de faire là (…), et puis on discute.

Rachid Moustafy nous raconte sa vie en Malaisie

Iman: Est-ce qu’un jour vous comptez revenir travailler en France ?

Oui, (…) il y a un pays que j’adore plus que tout: c’est mon pays, la France. Bien entendu, je vais revenir en France et pour justement partager tout ce que j’ai vu, j’ai commencé déjà à écrire, donc je vais partager ça avec des professeurs, des élèves, des citoyens, pour leur dire: en fait il y a une autre manière de faire. (…) L’Asie a besoin d’apprendre des choses de nous et nous, on a des choses à apprendre d’eux, donc je vais revenir bien entendu enseigner.

Rachid Moustafy nous raconte ses métiers avant d’être professeur d’anglais

Ibrahim: Et ça fait combien de temps que vous travaillez en Malaisie ?

Ça fait 6 ans (…) donc ça sera certainement ma dernière année là-bas. C’est des messages que je vous passe: à un moment donné, j’avais envie de faire quelque chose, on a qu’une seule vie, il vaut mieux avoir des regrets que des remords. Donc là en fait c’est bon, j’ai fait ce que j’avais envie de faire.

Ibrahim: Et, est-ce que c’était votre rêve de devenir professeur d’anglais?

Pas à la base (…). Finalement c’est devenu plus qu’un rêve, c’est devenu maintenant une passion.

Je ne sais pas si vous connaissez un philosophe qui s’appelle Confucius ? (…) En fait c’est un philosophe chinois qui a dit des phrases qui ont éduqué jusqu’à l’heure actuelle tous les Chinois, ils connaissent en fait les dires de cette personne et il a dit des phrases qui sont très importantes. Et il a dit : « Trouvez un métier que vous aimez et vous ne travaillerez plus ». (…) Quand on en arrive à trouver quelque chose qu’on aime et qui devient une passion, on ne compte plus les heures, on se dit : « Voilà, c’est ce que j’ai envie de faire. »

J’ai été prof aussi, très rapidement, ici, j’avais remplacé justement une de mes profs (…), Laurence Rendall Day (…) pour un ou deux mois (…). J’étais revenu ici en tant que prof d’anglais, (…) et ça m’avait fait très bizarre. (…) C’est un des super souvenirs que j’avais, quand j’étais ici, de revoir en fait mes professeurs et des élèves que je connaissais.

Ibrahim, Mme Gourier et Iman aux côtés de Rachid Moustafy

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