Raphaël Bouyer : « Les acceptations de l’homosexualité sont différentes »

Les actes homophobes étaient en hausse de 27% en France durant l’année 2012, selon le compte-rendu annuel publié par l’association SOS Homophobie.  Cette tendance se retrouve t-elle à Nantes ? Quelles sont les conséquences de l’homophobie ? Rencontre avec Raphaël Bouyer,  permanent au centre LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) de Nantes.

Drapeau LGBT lors d'une manifestation à Londres. Crédit photo : cc Matt Buck.

Drapeau LGBT lors d’une manifestation à Londres. Crédit photo : cc Matt Buck.

Qu’est ce que l’homophobie ?

Raphaël Bouyer : L’homophobie, si on prend la définition moderne du mot, c’est la haine envers des personnes homosexuelles. Si on regarde la racine du mot, le terme phobie désigne plutôt la peur. On peut aussi parler de discrimination puisque cela engendre violences et rejets.

Quand est-ce que votre association a été créée ? Dans quel but ?

RB : L’association a été créée en 1997. Son but est de répondre aux questions en lien avec l’orientation sexuelle – c’est-à-dire toutes les personnes qui se questionnent par rapport à leur homosexualité ou à leur genre. L’association peut également répondre à des questions relatives à la discrimination ou la santé sexuelle. C’est aussi un lieu d’écoute, de rencontres où l’on échange témoignages et parcours de vie.

Quelle est la place d’un homosexuel dans la société ?

RB : Il y a toujours beaucoup de préjugés, d’idées reçues sur l’homosexualité. On peut dire que c’est mieux accepté, et mieux protégé également. Il y a des lois qui protègent contre la discrimination homophobe. Au vu de la fréquentation du centre, la discrimination existe encore, notamment dans le domaine du travail : harcèlements, progression hiérarchique bloquée, etc.

Comment les proches le vivent-ils ?

RB : Il n’y a pas de généralités, chaque famille et entourage, a des acceptations complètement différentes. Les nouvelles générations de parents ont beaucoup plus conscience que leurs enfants seront peut-être homosexuels. Les parents sont un peu plus préparés qu’avant, car le sujet est plus connu. Dans certaines familles, l’annonce d’un enfant homosexuel peut très mal se passer.

Comment les personnes homosexuelles se sentent-elles ?

RB : Beaucoup de personnes de 30-40 ans viennent en nous expliquant qu’ils ont une famille, des enfants, mais qu’ils savent depuis longtemps qu’ils sont homosexuels. Le fait de ne pas accepter son homosexualité peut créer pas mal de problèmes psychologiques et matériels. Ces situations n’améliorent pas le quotidien. Pour beaucoup de personnes, il est difficile de passer la porte du centre mais une fois venu, ils savent qu’ils sont dans un lieu d’écoute, de partage et qu’ils ne seront pas jugés mais au contraire soutenus.

Comment le centre aide un homosexuel victime d’agression ?

RB : Par exemple, une personne se fait agresser et veut aller porter plainte. Lorsqu’elle arrive au commissariat, la victime ne va pas oser avouer le motif de son agression, par peur de s’afficher. Le centre est là pour les aider, en les accompagnant dans les démarches juridiques ou en demandant de l’aide extérieure. Malheureusement, certains s’enterrent encore dans le secret, souffrent en cachette avec la boule au ventre.

Quel impact a eu le débat du mariage pour tous sur l’homophobie ?

RB : L’homophobie existe encore. Les gens disent qu’ils ne sont pas homophobes mais ils considèrent que l’homosexuel ne peut prétendre aux mêmes droits que l’hétérosexuel.

Propos recueillis par Eléa Glotin et Nina Pescheux-Brossaud du lycée Sacré Cœur à Nantes. Crédit photo : cc Matt Buck

Pin It

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *