Un jour au fablab

Créés dans les années 1980 aux États-Unis d’Amérique, les fablabs sont désormais sur toutes les lèvres. Mais qu’est ce qu’un fablab ? Un espace où l’on invente des objets innovants de manière collaborative et parfois désordonnée. Reportage dans celui de Nantes, lancé en 2006.

TEXTE : SOLÈNE LEFEBVRE, ANGÉLIQUE LEDROIT ET LAURE PIVETEAU. PHOTOS: ANGÉLIQUE LEDROIT ET LAURE PIVETEAU.

Fablab de Nantes, entrée et intérieur © Angélique Ledroit/Laure Piveteau

Le fablab est un mot originaire des États-Unis qui veut dire fabrication laboraty. Il s’agit « d’un atelier de fabrication numérique et de réalisation de modèles collaboratifs, favorisant la créativité, l’innovation, la diffusion des connaissances et la réappropriation des technologies par tous« , d’après un document distribué à chaque visiteur du fablab de Nantes, créé à l’ouest de l’île de Nantes il y a presque dix ans.

Ces fabriques d’un nouveau genre sont donc basées sur l’échange et la transmission des savoir-faire, comme l’explique Laurent Berthelot, responsable de Plateforme C, le nom pris fablab de Nantes, «selon son niveau de connaissances chacun peut venir expérimenter, apprendre ou fabriquer par lui-même tous types d’objets. Ici, on regroupe un ensemble de machines à commandes numériques».

350 fablabs dans le monde

Concrètement, dans le hangar de Plateforme C, on peut acquérir et partager des compétences grâce aux autres usagers, réaliser un prototype grâce à ces machines digitales, réparer un objet cassé ou l’améliorer et fabriquer des objets répondant à un besoin très spécifique.

« Le premier fablab a été créé dans les années 1990 aux USA [au Massachusetts Institute of Technology de Boston, NDLR] » précise Laurent Berthelot. Il y aurait aujourd’hui plus de 350 fablabs dans le monde (dont une cinquantaine en France) de l’Amérique à l’Europe en passant par l’Asie, l’Océanie et l’Afrique, comme avec le WɔɛLab (prononcez « Woélab ») de Lomé au Togo qui se présente non sans humour comme le « premier espace africain de démocratie technologique », une « petite république numérique au quartier Djidjolé, définitivement fablab à niveau de rue, maintenant Silicon Villa [sic] ».

Bricolage et créativité

À Nantes, Plateforme C dépend de l’association PING et compte huit salariés (dont deux permanents) . Cette dernière est une structure associative qui «explore les pratiques numériques et invite à la réappropriation des technologies ». Il y a environ cinq à dix adhérents qui viennent chaque jour et jusqu’à 50 personnes lors des « open ateliers » du jeudi, on compte en tout environ 200 adhérents pour l’année en cours (une adhésion personnelle coûte 20 euros par an).

On peut donc y accéder individuellement mais aussi en groupe grâce à un partenariat avec des établissements de l’enseignement supérieur de la région. Il suffit d’avoir un profil technique – aimer bricoler – ou/et créatif – aimer inventer de nouvelles choses -. « Pas besoin de formation particulière », complète Laurent Berthelot.

D’après ce dernier, qui travaille sur place depuis juin 2013, la proportion de femmes est en augmentation même si celles-ci sont toujours très minoritaires. Un déséquilibre que l’on retrouve dans le secteur du numérique dans son ensemble. Selon une étude publiée par la Commission européenne en 2013, elles y sont trois fois nombreuses que les hommes en Europe.

Une histoire sans fin

Dans le hangar nantais de taille moyenne, en bord de Loire, on découvre les machines tel qu’une imprimante 3D (qui fabrique des objets en plastique), le découpe vinyle (qui grâce à sa découpe très précise et fine, peut créer des autocollants et des pochoirs), la fraiseuse ou le routeur CNC (qui grave des dessins dans des matériaux tels que le polystyrène ou le bois), et enfin le découpe laser (qui peut fabriquer des enseignes en bois).

« Les adhérents peuvent créer à peu près n’importe quel objet tant qu’ils ne représentent pas un danger pour ses utilisateurs. Il leur est également demandé de participer à la documentation, à la formation, de prendre des responsabilités comme la sécurité, la propreté, la maintenance, le respect des règles de confidentialités telles que les droits d’auteurs. Une fois l’invention terminée, on peut toujours faire des activités commerciales mais en parallèle de ce lieu créatif, afin de laisser la place aux nouveaux adhérents », d’après la charte du fablab nantais.

Un lieu de renouvellement créatif perpétuel et de réappropriation de la technologie numérique en somme.

TEXTE : SOLÈNE LEFEBVRE, ANGÉLIQUE LEDROIT ET LAURE PIVETEAU. PHOTOS: ANGÉLIQUE LEDROIT ET LAURE PIVETEAU.

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