Sandrine Plehiers : une styliste pour nos murs

Sandrine Plehiers : une styliste pour nos murs

Derrière le long boulevard gris de Pierre de Coubertin se cache le petit nid haut en couleurs d’une commerçante pas comme les autres. Sandrine Pléhiers est une jeune entrepreneuse. Elle est gérante de COLOR RARE, un magasin de peinture bio au Breil. Qui aurait pu savoir qu’en entrant dans cette boutique nous allions être plongés dans un océan de couleurs « aux senteurs de l’enfance » ?

Et pour cause, son magasin dégage des odeurs d’huiles essentielles. Naturel et timide comme sa gérante, il a fait doucement surface il y a un an dans le quartier du Breil, après bien des péripéties. Tableau d’une entrepreneuse qui peint avec le quotidien.

Élargir sa palette

Rien ne destinait Sandrine Plehiers à l’entrepreneuriat. Après le collège, elle se lance dans un CAP Peintre en lettres. Pour se spécialiser, elle part à Strasbourg passer un brevet professionnel. Après son stage elle décide changer d’air en mettant le cap à l’opposé, à Bordeaux, où elle prépare un brevet de maîtrise.  Là encore, elle fait un stage dans une entreprise familiale où elle travaille avec des produits d’un certain Color Rare, le premier magasin de peinture bio en France. A l’issue de ce stage, elle espère y rester mais il n’y a pas de poste pour elle. Sandrine ne perd pas espoir et garde Color Rare dans un petit coin de sa tête. Commence alors la chasse au travail. Elle envoie ses CV dans les quatre coins de la France. C’est un nantais qui l’appelle en premier et lui propose un poste de peintre en bâtiment. Le hasard décide donc de sa reconversion professionnelle. Mais après quelques années,un problème de santé l’oblige à changer encore de voie. Elle sait qu’elle ne pourra plus porter de choses lourdes et ne plus pouvoir travailler dans le bâtiment.

Ouvrir une nouvelle porte

C’est ainsi que COLOR RARE refait surface. Et si finalement, ce magasin avait sa place à Nantes ? Sandrine appelle Sylvie Eyraud, gérante et créatrice du magasin à Bordeaux depuis une quinzaine d’années. « C’est la maman des franchisées dispersées en France comme moi ». Elle veille sur « ses filles », elles s’appellent souvent pour savoir comment les affaires se passent. « Elle ne demande pas de parts, elle nous donne notre chance  et veut que nous réussissions ». Sandrine la respecte et la considère comme un exemple à suivre. Commence alors l’aventure de l’entrepreneuriat. La première étape : trouver un local, grand et pas cher. Et « c’est ce qui a été le plus difficile ». Même quand elle l’a trouvé, il a fallu se battre pour le garder. De plus, son entourage n’était pas très encourageant. Pourquoi un magasin de peinture « bio » au Breil, un quartier dit « populaire » et pas en centre-ville ? Pour ça, la réponse est claire : « En ville, le prix des locaux flambe, il n’ y a pas de place pour un grand entrepôt, et de toute façon, la clientèle peut venir de partout, puisque pour transporter de la peinture, il faut sa voiture. » Et quant à la réputation du quartier, elle ne prête pas attention à tout ce que l’on raconte.

Des peintures qui transportent au-delà du Breil

Les peintures de Color Rare sont plutôt surprenantes. Elles sont faites de chaux et de caséine qui est une protéine de lait. On en mangerait presque ! Même les noms nous font voyager : Or Yemen, Bleu de Caraïbes, Rouge de Chine, Jaune d’Espagne…  Non seulement ces peintures sont naturelles et contribuent à la protection de notre environnement mais en plus de cela, elles sont meilleures pour notre santé. Contrairement aux peintures ordinaires, elles n’émettent pas de COV (composés organiques volatils, composés de carbone et d’hydrogène) qui sont toxiques. Et pour ceux qui pensent que les produits bio sont chers et consacrés à une partie de la population qui a les moyens, les matières premières de ces peintures sont naturelles et donc pas chères : « La chaux, c’est du calcaire, ceux qui la vendent chère sont des voleurs ! ». Voilà comment Sandrine explique le petit prix de ses articles.

Faire ses preuves tous les jours

Bien sûr, dans ce métier on ne voit pas toujours tout en rose même si la devanture de son magasin prouve le contraire. Il y a des moments de pression qu’il faut savoir gérer en improvisant du travail quand la clientèle se fait petite. « Je propose des stages. C’est pour montrer que tout le monde peut repeindre sa chambre, créer son univers. » Surtout, « ne jamais lâcher ses efforts et se battre pour vendre ». S’il faut des qualités pour être entrepreneur, son métier nécessite aussi de « connaître les couleurs, être compétant sur les supports, savoir guider les clients et jouer un rôle commercial ». L’avenir de son entreprise elle espère la voir toujours au Breil, « belle, pleine de couleurs et que ça marche  ! ». Ce rôle d’entrepreneur elle n’y avait jamais songé, d’ailleurs,  c’est plutôt comme artisan qu’elle se considère. Sandrine est fière de son parcours et contrairement à ce qu’on essaye de nous faire croire avec un CAP, on peut aller loin !

Sandrine Pléhiers, une styliste pour nos murs from Lolab on Vimeo.

Meriam El Fiaz

Sandrine Pléhiers, une styliste pour nos murs from Lolab on Vimeo.