La Petite Usine à Zine : un projet transmédia

Edito

Le projet Fanzine / Blog journalistique mis en place auprès des 3ème PEP au Lycée des Savarières est né d’une proposition plus « qu’enthousiasmante » du CLEMI.

En participant à cette belle initiative sous le joug professionnel de Sandrine Lesage de l’association Fragil, il m’apparaissait évident que nous allions offrir une chance unique aux élèves de 3ème PEP de découvrir et côtoyer tous les jeudis pendant quatre semaines, un « vrai » dessinateur de BD,   Tib-Gordon. Ils allaient ainsi pouvoir créer leur propre fanzine, petit journal papier, fruit de leurs passions et de leur imagination mais aussi en parallèle, un blog collectif, résultat de leur travail d’investigation de journalistes en herbe sur cette réalisation papier. Ils seraient donc tous à la fois artistes et journalistes.

Il y avait un certain anachronisme à créer ainsi d’un côté un média à l’ancienne issu de collages, dessins et écrits manuscrits et de l’autre un blog utilisant les technologies modernes des réseaux sociaux, des applis et des logiciels.

Guidés par Tib et Sandrine qui ont canalisé au mieux leurs idées et les ont aidés à les mettre en forme, chaque élève a dessiné, écrit, découpé, filmé, enregistré dans le bruit ou le calme, la patience ou l’excitation, le doute ou l’ambition. Quoi qu’il en soit, au bout du compte, chacun a créé une page, un article, bien à lui dont il peut être fier.

De cette aventure collective sont donc nés deux fanzines originaux et un blog journalistique, pur produit de la 3ème PEP du LP les Savarières.

Merci à Tib et à Sandrine pour leur patience et leur belle énergie, ainsi qu’aux élèves qui ont participé à l’aventure.

Natacha Quintin, documentaliste.

Le contexte

L’association Fragil privilégie le Do It Yourself, l’innovation et l’expression citoyenne dans ses actions auprès de publics divers.

> sur la forme, Fragil s’interroge constamment sur les différents formats médiatiques et numériques, favorisant l’expérimentation et le partage des savoirs et des savoir-faire au sein de ses ateliers médias et numériques, afin d’encourager de nouveaux moyens d’expression, ainsi que la compréhension de la fabrique des médias.

> sur le fond, l’association Fragil valorise, sur le territoire régional, l’initiative citoyenne, formatrice et facteur d’épanouissement personnel et d’innovation, par la diversité des sujets de son magazine en ligne (culture et société), comme dans ses projets d’éducation aux médias (Festival des projets, Résidence journalistique, le projet Entre les lignes, le webmédia au lycée Nelson-Mandela…).

Ces valeurs portées par Fragil dans le champ des médias et de l’éducation aux médias rejoignent celles d’artistes ou de collectifs d’artistes qui, suivant les mutations de la société, cherchent à exprimer leur créativité et leur parole dans une économie de moyens et avec une forme d’autonomie, et à les partager avec le public.
Les pratiques artistiques autour de l’impression, du graphisme et de la gravure – sérigraphie, linogravure, gravure sur métal ou Tetrapak notamment, dessin et bande-dessinée – suivent la tendance d’un retour à des médias artistiques peu coûteux et accessibles au plus grand nombre. Ces techniques permettent une expression graphique – qu’elle soit bande-dessinée, fanzine ou livre d’artiste sur papier – à la portée de tous, et donc propre à libérer la parole et l’expression individuelles.
L’ouverture de la maison Fumetti, lieu nantais dédié à la bande dessinée et aux arts graphiques, et ouvrant en septembre 2016, est une preuve de la vitalité de cette scène artistique. Portée par l’association Vide-Cocagne, elle a pour but de donner de la visibilité et de l’unité à ces pratiques et d’instaurer des échanges avec le public.

Cette expression est à rapprocher également des possibilités offertes par la révolution numérique et le web 2.0, qui offrent à chacun une tribune d’expression depuis son ordinateur ou son smartphone. Tout citoyen, et a fortiori tout jeune citoyen, est aujourd’hui potentiellement média. Il s’empare d’outils numériques comme les réseaux sociaux ou les blogs afin d’exprimer une parole, mais sans toujours bien en maîtriser les enjeux.

Mettre en abyme la culture du DIY médiatique et numérique portée par Fragil, et celle de jeunes artistes indépendants, afin de favoriser l’ouverture artistique et culturelle du jeune public est l’un des principes sous-tendant ce projet.

Déroulement du projet

La proposition de Fragil s’articule autour de 5 grands axes :

# Un temps de formation aux outils médiatiques et numériques destinée aux jeunes et à leurs encadrants
– des temps de formation aux techniques journalistiques « traditionnelles » : écriture journalistique, prise de photo, vidéo et son
– des temps de formation et d’échanges autour des nouvelles formes du journalisme 2.0 : l’écriture web, le blog, le micro-blogging et les réseaux sociaux. Ces temps sont conçus comme des échanges qui valorisent et s’appuient sur les acquis numériques et la pratique des jeunes sur Internet.

# Un temps de rencontre entre publics et artistes dans une perspective de production journalistique
C’est sous forme de reportages réalisés par les jeunes que les artistes impliqués dans le projet présenteront leur travail. Formation, influences, pratiques et œuvre seront abordées, ainsi qu’une démonstration pratique par l’artiste.

# Un temps de conception artistique
Encadrés par les artistes, les jeunes conçoivent un projet artistique. Cette œuvre sera intégrée à une édition réunissant le travail de l’ensemble du groupe. Les jeunes définissent également l’identité graphique du fanzine accompagnés par l’artiste ou des graphistes.

# Un temps de production des travaux sur deux supports, papier et numérique
Les jeunes produisent une œuvre individuelle ou par petits groupes, ensuite intégrée à une édition artistique plus globale. Cette édition est à la fois publiée sur un support papier et au format numérique. Dans le même temps, une production journalistique sur la rencontre avec les artistes et le processus de création est réalisée sur un site web dédié. Les formats envisagés sont : le diaporama (sonore), l’interview, l’article de fond, le tutoriel vidéo, la couverture live via les réseaux sociaux.

# Un temps de valorisation du projet
Cette valorisation passe à la fois par la publication des articles du reportage en ligne et par l’édition en ligne du fanzine. Elle pourra également prendre la forme d’une exposition à Maison Fumetti

Objectifs du projet

# Favoriser l’éducation à l’image, la liberté d’expression et l’acquisition d’un sens critique
> Dans une société où l’image est omniprésente et polysémique, l’éducation à l’image est un défi à relever pour donner aux jeunes les outils de décryptage et de mise en perspective nécessaires à l’exercice de leur sens critique et de leur expression citoyenne.
La conception et la coordination d’une édition papier dédiée à la pratique graphique, de son contenu à son impression, a pour but l’acquisition d’une culture artistique, mais également d’une prise d’initiative. La rencontre avec les œuvres d’art des artistes impliqués et de leurs sources d’inspiration sera l’occasion d’exprimer un jugement et de fournir une analyse .

# Eduquer aux médias par l’expression de la créativité
> La dimension participative est primordiale dans l’acquisition de savoirs et de savoir-faire, et l’implication des publics dans le projet passe par une pratique artistique en collaboration avec les artistes impliqués.
Le projet prévoit conjointement une initiation à des pratiques artistiques autour des arts graphiques, de la gravure et de l’impression, et favorisant la coopération au sein des groupes de jeunes.

# Former jeunes et éducateurs aux pratiques médiatiques et numériques
> A l’heure de la révolution numérique et du web 2.0, il est indispensable pour les jeunes de maîtriser le langage des médias et la fabrique de l’information afin de pouvoir traiter et mettre en perspective la masse d’informations disponible notamment sur Internet. Pour ce faire, les membres de la communauté éducative doivent également maîtriser ce langage et les pratiques qui y sont liées.
En parallèle de la conception d’une édition artistique, le projet prévoit pour cela un suivi journalistique du processus de création par les outils numériques (alimentation et publication d’un site Internet dédié, pratique des réseaux sociaux). Le tout réalisé tour à tour par les jeunes et leurs éducateurs, afin d’initier une pérennité des savoirs et des savoir-faire.

# Mettre en relation les formes de culture DIY
> Tout citoyen, et a fortiori tout jeune citoyen, est aujourd’hui potentiellement média. Il s’empare d’outils numériques comme les réseaux sociaux ou les blogs afin d’exprimer une parole, mais sans toujours bien en maîtriser les enjeux. Le projet proposé par Fragil est l’occasion de mettre en perspective les formes nouvelles et plus ancestrales du Do it Yourself. Confronter le tutoriel YouTube et le fanzine papier.
Par la mise en lumière d’une scène artistique dédiée au graphisme et à la gravure et fondée sur le principe de l’économie de moyens, de l’expression libre et de l’innovation, Fragil souhaite mettre en parallèle ses valeurs citoyennes, sa culture participative et son goût pour les pédagogies et les projets novateurs, avec celles d’une communauté artistique.

# Favoriser la découverte d’univers artistiques et culturels autour des arts graphiques (impression et édition) et des médias
> Il est prépondérant que le jeune, dans son parcours éducatif, ait la chance de rencontrer une diversité de profils artistiques et professionnels, ainsi que des porteurs de projets inspirants. Les métiers liés au graphisme et au journalisme suscitent beaucoup d’intérêt et de questionnements, que Fragil se propose de faciliter.
La rencontre des jeunes et de la communauté éducative avec les œuvres artistiques, les artistes et les professionnels des médias permet une sensibilisation à différents corps de métier et une valorisation des initiatives individuelles de jeunes professionnels (artistes, journalistes, graphistes, communicants).