© 2011 Magazine Fragil

Olivier : le facteur « plus » des Deux Rives

Un jeudi soir aux « 2 Rives », la sonnerie retentit sans-cesse. Des élèves entrent et sortent avec leurs cahiers, leurs livres. Il est environ 18h et Olivier se creuse les méninges : « Le but du jeu, c’est de commencer à écrire fx=1-5x. C’est le premier facteur, maintenant tu écris la suite ». « Ça veut pas rentrer » répond l’élève. Olivier reste patient, explique encore. « Ah c’est bon, j’ai compris » répond l’élève.  « Ça va ou pas ? C’est vraiment un travail de gymnastique. Le principe tu l’as compris,  après il faut en manger. C’est de la technique ».

Les maths ce n’est pas un problème

Pour Olivier Quillard, les maths ce n’est pas un problème. Ce technicien dans la recherche au CNRS de 38 ans, accompagne des élèves en maths et en physique au sein de l’association « Les 2 rives » du quartier des Dervaillières. Tous les jeudis soirs, depuis environ 4 ans, il vient donner de son temps à des jeunes en difficulté scolaire.

C’est en lisant un article sur l’association, dans le magazine « Nantes-Passion », que l’idée lui est venue. Étudiant, il se faisait son argent de poche en donnant des cours particulier mais le faisait aussi pour le plaisir avec ses neveux. « Je voulais être instit’ quand j’étais petit alors j’ai fais mon stage de troisième dans une école maternelle. Là, j’ai flippé. Les élèves criaient, sautaient partout. Ça m’a un peu dégouté et j’ai compris que je ne voulais pas faire ça comme métier » confie Olivier. « Et puis après au secondaire, j’ai pensé à l’IUFM mais ça ne s’est pas fait ».

Alors, comment est-ce qu’on s’improvise prof ? « On essaie de se voir pendant l’année avec les intervenants pour la partie pédagogie. Des fois, je suis bloqué ». Des élèves en difficultés, il y en a et l’équipe des « 2 rives » est là pour les aider mais ce n’est pas tout le temps simple. Olivier explique : « Je me bats beaucoup avec le calcul mental. Il y en a certains en Terminale qui n’arrivent pas à résoudre les équations du premier degré. Ça m’a déprimé. » En parlant avec une institutrice, Olivier a compris que certains élèves étaient « mis sur le carreau », comme il dit, pour que la classe ne reste pas bloquée. « Je n’ai pas la prétention de dire que je vais résoudre leurs problèmes mais j’essaie de les aider ». Mais parfois, les élèves ne se rendent pas compte. « Ils me disent souvent qu’ils ont leur calculatrice » explique Olivier « ou l’autre fois, un élève m’a dit que Thalès ne servait à rien. J’ai répondu que c’était faux. Il m’a alors demandé de lui donner une application dans la vie de tous les jours et j’étais incapable de lui répondre ».

«Un endroit à eux»

C’est la première fois qu’il travaille dans un cadre associatif. « Les 2 rives », créée à l’initiative d’étudiants en 1984, accompagne des élèves de la 6ème à la terminale. Venir est une démarche souvent volontaire de la part des jeunes. De plus, « les jeunes portent une image très lourde de leur quartier, c’est important de trouver un lien d’échange, ici, chez eux. Mais je pense qu’ils aiment leur quartier, ils s’énervent même quand on le critique », rajoute Olivier avant d’avouer : « Moi même j’avoue que j’avais une appréhension du quartier avant d’arriver et surtout des ados mais en fait ils sont plutôt cool ».

Il y a aussi de belles surprises. « J’ai deux ou trois exemples de bonnes évolutions. Je connais un jeune à qui j’ai fais quelque cours de programmation. Il connaissait à peine le sujet et il a percuté tout de suite. Ça fait plaisir ». La satisfaction se lit sur le visage d’Olivier. Transmettre son savoir c’est bien, quand ça marche c’est encore mieux. Et puis « l’ambiance est détendue aux 2 rives. Ce n’est pas une relation prof-élève », nous explique le bénévole. « C’est un endroit à eux et pour apprendre c’est mieux ».

Comment se déroule une séance ? « Les élèves viennent quand ils veulent, s’installent et nous appellent  quand ils ont besoin de notre aide ». L’association, ouverte toute la semaine, a plusieurs élèves à gérer, une centaine environ. En général, les élèves viennent toutes les semaines mais Olivier, sourire au coin de la lèvre, rajoute « surtout avant le conseil de classe ou la veille d’un contrôle ».

Marine Lomellini

Post a Comment

Your email is never published nor shared. Required fields are marked *

*
*

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>