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Monique : une femme qui fait bouger le quartier

La douceur et la tendresse se lisent sur son visage. Monique Costard est une de ces grandes figures de femme battante qui fait vivre la solidarité au sein de son quartier. C’est autour d’un thé qu’elle se confie sans aucune retenue, mais avec beaucoup d’humilité.
A 57 ans et aujourd’hui sans emploi, Monique est surtout une mère. Ses sept enfants elle les a élevés toute seule. « C’était un réel choix d’avoir autant d’enfants » affirme-t-elle. « Mes enfants ont tout ce que je n’ai pas pu avoir et je peux, à travers eux, réaliser ce que je n’ai pas pu être ». Un choix de vie qui n’a pas toujours été assumé par Monique qui habite depuis trente ans aux Dervallières.
« J’ai mis du temps à aller vers l’extérieur. Au départ, je n’arrivais pas à sortir de chez moi, confrontée à une certaine gêne, celle de dévoiler qu’on a sept enfants » avoue-t-elle. Être une mère célibataire n’a pas toujours été bien perçu dans le quartier : « Nous étions montrés du doigt ».
Monique se souvient de son arrivée aux Dervallières, une arrivée forcée liée à une situation précaire. Elle ne sortait pas, ne parlait pas beaucoup. « On nous a imposé le quartier. Je n’ai pas choisi de venir ici » avoue-t-elle. Un quartier « difficile », comme elle le définit, voir hostile envers ces femmes en détresse souvent seules.

Les petits déjeuners entre mamans
Malgré cela, Monique reste courageuse et se bat en choisissant de ne bénéficier d’aucune aide pour prouver que elle aussi elle y arriverait, en tant que femme, en tant que personne. Ce courage et cette force, ce sont ses enfants qui lui ont donné. Grâce à eux elle reprend pied et se bat. En 1985, elle fait déjà partie de l’Union des Parents d’Elèves CSF où, avec d’autres femmes, elle s’occupe de la Médiation Familiale. Puis de 2002 à 2005, à Adulte Relai elle aide les parents et familles en difficulté. C’est naturellement qu’en 2006 elle crée l’association Agora Derv pour transmettre à son tour cette force et ce soutien qu’elle n’a jamais eu. Depuis cinq ans, un petit groupe de parents se retrouve une fois par semaine pour discuter de problèmes de famille, de société. Une occasion pour Monique d’ouvrir un espace de dialogue, de prendre part à des débats.
Dans le local d’Agora, une trentaine de femmes se retrouvent aussi autour d’un petit déjeuner. C’est un moment pour faire le point parfois sur une situation tendue (relations avec les professeurs, problème d’autorité) ou simplement pour partager un moment de cette chaleur humaine, qui demeure le fil conducteur du développement des relations citoyennes. « Maintenant elles osent dire et prennent confiance en elle » se réjouit Monique.

Le cinéma à un euro
« Beaucoup de ces femmes ne sortaient plus, ne voyaient personne » rajoute-t-elle. Le but était de développer la convivialité, l’entraide dans un quartier qui, a un moment, l’a tant aidé. Agora Derv organise alors des sorties cinéma une fois par mois pour 1 euro. Ciné-femmes est aussi une occasion de participer à la sélection des films projetés au Cinématographe. Un projet très valorisant pour ces femmes oubliées et parfois blessées par la vie. Bourses aux vêtements et aux jouets, participation mensuelle à la Table d’hôte de Bellevue, autant d’activité organisés pour recréer un réel lien social.
Monique est aujourd’hui une femme heureuse dans sa vie et dans son quartier. Toujours avec énergie et enthousiasme, elle souhaite toucher le plus de monde possible. Et quand on on lui demande ce qu’elle pense des Dervalières aujourd’hui, elle répond : « Maintenant on reste, on ne part pas. Il y a tellement de verdure et la vie associative est tellement riche ».

Marine Lomellini

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