Herve Gendrin : le primeur qui en connaît des vertes et des pas mures

Herve Gendrin : le primeur qui en connaît des vertes et des pas mures

« La Maison Gendrin a plus d’un demi-siècle ! C’est la deuxième plus ancienne épicerie installée à Nantes ! » Si Monsieur Gendrin, 63 ans a l’entrepreneuriat dans les gènes, c’est aussi un historien du quartier hors pair incollable sur les dates et les anecdotes du quartier. En 1961, le centre Breil-Malville voit le jour au milieu de terrains vagues. Ses parents sont les premiers à s’y installer. Il commence par être leur commis et aujourd’hui, futur retraité, il prépare son fils à reprendre la barre.

 
L’entrepreneuriat, une affaire de famille
Hervé Guérin fait une formation de comptable et une formation douanière pour les transports. Ayant toujours aimé le commerce, en 1968, il préfère travailler dans l’épicerie de ses parents plutôt que de chercher sous les pavés, la plage. Ses parents ont acheté un petit baraquement de fruits et légumes sur le Champs de Mars, les anciennes Halles de Nantes. Bons gestionnaires, Ils ont également crée La Maison Gendrin au Breil-Malville avec des associés depuis 1961. Le quartier devient d’ailleurs leur lieu de résidence, Hervé a à l’époque 11 ans. « Il y avait un marché tous les jours sur le boulevard Pierre de Coubertin. On vendait même sur le boulevard du Massacre qui était un chemin en terre, mes parents y avaient un baraquement. » La vente en extérieur a duré jusqu’en 1964, année où le premier centre commercial a été construit au Breil. Mais en 1966, La Maison Gendrin est dissoute, à croire que l’entrepreneuriat doit rester une affaire de famille. Quand M. et Mme Gendrin, pères partent à la retraite en 1980, Hérvé devient à son tour l’entrepreneur-primeur Gendrin et décide de recréer la Maison Gendrin au Breil. En 1981, il introduit du vin et du fromage dans son commerce. Depuis qu’il s’est marié, sa femme est devenue bien sûr son employée et leur fils, dès son plus jeune âge a naturellement été initié au métier. « Travailler avec son entourage est très cool, on ne s’engueule pas. » dit-il en envoyant gentiment sur les roses sa femme, qui a toujours le sourire. Aujourd’hui, ils ont embauché une personne extérieure. Et quand on lui demande s’il faut une formation spéciale pour travailler dans La Maison Gendrin (si on n’est pas de la famille), il répond : « Il faut savoir compter et compter vite. Il faut avoir une bonne connaissance du produit et aimer le contact. Après, le commerce, c’est le commerce, on apprend sur le tas. »

 
L’entrepreneur-repère du quartier

 
Même si en 1985, la famille Gendrin quitte le Breil pour s’installer à Sautron, La Maison Gendrin, elle, ne déménage pas car le quartier est en pleine mutation, mais aussi parce que l’épicerie est devenue un repère du quartier et Hervé Gendrin est attaché au Breil « je me considère comme la mémoire du quartier. » Bien connu sur le local, leur clientèle se déplace même depuis Saint-Herblain ou La Paquelais. Tellement bien connus qu’ils se sont fait cambriolé dix-huit fois et incendié une fois, nous raconte Hervé, presque avec humour. « On a eu une attaque à main armée, ils ont menacé ma femme avec un couteau et moi une arme. Je me suis battu, ils ont eu le dessus, j’ai passé la nuit à l’hôpital. Mais, on est bien au Breil. C’est une petite poignée de provocateurs qui fout la merde. Y a pire. » En 2003, le centre ville a changé de sens, et en tournant le dos à l’ancienne place, ils doublé le chiffre d’affaire. Leur activité s’agrandit : ils fournissent une boulangerie du quartier, une brasserie et depuis cette année les centres aérés. Autre nouveauté, ils ont crée un site internet, grâce à une heureuse rencontre avec un client, créateur de l’entreprise de communication Signenoir. Avec internet, ils veulent se lancer dans l’évènementiel avec la livraison de corbeilles de fruits. Et la crise ? « C’est maintenant qu’on la sent… vous êtes mal barrés les jeunes ! » Pas étonnant que ce presque retraité fasse travailler dur son fils, c’est lui qui reprendra la barre en juillet. « Chacun a sa tâche: fruits/légumes, fromage et vin. Moi, je drive ! » Néanmoins, ce qu’il est impatient encore plus de “driver”, c’est son bateau à la retraite !

 

Meriam El Fiaz