Photographier, c’est informer. Informer, c’est faire des choix. L’interprétation de l’image devient alors un parcours plus ou moins périlleux selon notre bagage social et culture. C’est l’objet de l’atelier proposé par Fragil lors des deux journées de Place Ô Geste.

Des jeunes issus de tous les quartiers de Nantes et ses alentours. Une dizaine de photos prises aux quatre coins des Dervallières. Un exercice : interpréter, légender. Les jeunes défilent dans le pôle “Médias”, et les réactions ne manquent pas. Entre image et imaginaire, pas toujours facile pour ces jeunes de donner du sens aux images. Aucune hésitation pour les jeunes du quartier, ils situent avec aisance les différentes prises de vues. Pour eux, les Dervallières c’est le Watteau : le «Building» du quartier, ou la «place des Derv’» et ses commerces calcinés. Pour les autres, qui ne connaissent pas le quartier, l’appropriation des images est plus hasardeuse. Un quartier populaire ? Ce doit être Malakoff ou Bellevue. Des logements neufs ? Le Breil ou les Dervallières.

 

Pour commencer, pas de repère spatio-temporel mais juste des poubelles en rang d’union, un tas de déchets et les imaginaires se réveillent : «Il y a un matelas et un caddie donc un SDF doit vivre ici», supposent Naomi et Cloé. Alors que Clara et Morgane perçoivent une sensibilisation à la cause écologique : «Il faut faire attention à ce que l’on consomme et à la planète.»

Passons à des photos plus représentatives du quartier. C’est là que les écarts se creusent. La place des Derv’ devient Bellevue pour Justine et Julie qui voient un «quartier racaille avec une épicerie qui a brûlé.» Les jeunes du quartier, eux, reconnaissent immédiatement et s’expriment même sur l’incendie : «Il parait que c’est dû à un court-circuit chez le coiffeur… Il parait.»

Pour des jeunes filles du collège Gaston Serpette, qui ne connaissent pas les Dervallières c’est cette photo qui fait tilt : «ça doit être au Breil ou aux Dervallières, car ce sont des quartiers en rénovation.» Maurine, elle, vit juste à côté : «D’anciens immeubles ont été démolis pour en construire de nouveaux l’année dernière. Il y a même des gens qui avaient déménagé qui sont revenus vivre aux Dervallières grâce à la modernisation.»

Pour donner à voir le résultat de cet atelier, nous utilisons un outil de mind-mapping, qui permet de retracer la réflexion des jeunes autour de ces images.