Maha Lee Cassy : « Il n’y a pas encore de vraie culture africaine des applications »

Le numérique pour améliorer le quotidien. Maha Lee Cassy, chef d’entreprise congolais (Groupe Plus), a lancé mi-2014 une application sur la sécurité routière pour les piétons et les véhicules. En version expérimentale avant sa mise sur le marché, elle est très utile dans des zones sans chaussées. Rencontre à l’Espace International Cosmopolis de Nantes le 11 novembre dernier à l’occasion d’une conférence sur l’Afrique et les technologies.

INTERVIEW : JULIETTE GABORY, AZENOR MENTEC ET LOUISE ROBILLARD, PHOTOS : CC CARSTEN TEN BRINK ET ERIK HERSMAN.

Un jeune homme au téléphone au Cameroun en janvier 2011 cc Carsten ten Brink

Combien de temps cela prend pour faire une application?

Maha Lee Cassy : Alors ça dépend, mais pour cette dernière application que nous avons faites ça nous a pris six mois rien que pour le développement. Car tout d’abord il faut coder, c’est-à-dire écrire un code sur un ordinateur. Ce code permet de créer des interactions et tout ce qu’il faut pour que cela puisse marcher sous les doigts des utilisateurs. Par exemple, l’application enregistreur audio sur un  téléphone portable c’est une application, pour pouvoir la faire fonctionner quelqu’un a dû écrire un code. Une fois qu’on a ce code, on le coordonne avec tous les éléments matériels indispensables et après on fait un test pour savoir si cela marche bien, c’est ce qu’on appelle une version bêta ou un bêta test. On demande à des personnes d’installer l’application sur leurs téléphones et de tester si cela marche. Une fois que l’on a réglé tous les problèmes et régler tous les paramètres on peut la lancer sur le marché. Donc ça peut prendre de six mois à un an en tout, voire plus, ça dépend de l’application que l’on veut faire.

Quelle est la dernière application que vous avez créée?

MLC: La dernière application qu’on a imaginée s’appelle « Moutouka » [ce qui veut dire véhicule ou voiture en lingala, ndlr] et concerne la sécurité routière. En Afrique en général les jeunes ne respectent pas le code de la route. Les piétons, ils traversent quand ils veulent et il y a beaucoup d’accident de la route, beaucoup de gens qui meurent comme ça…  Cette application a été créée pour répondre à ces dangers. C’est pour que ceux qui ne connaissent pas bien le code de la route puissent l’apprendre et qui ceux qui le connaissent plus de se perfectionner. Il y a le « code du piéton » aussi , qui permet d’apprendre aux piétons de traverser du bon côté de la route par ce la plupart du temps il n’y a pas de trottoirs, pas de séparations ou des passages cloutés. On traverse quand on peut et où on veut en fait. Donc il faut savoir où traverser prudemment, c’est l’objet de l’application.

Un homme montre son téléphone au Ghana en 2009 cc Erik Hersman

Est-elle disponible aussi en France ?

MLC : Elle n’est pas disponible en France sinon cela voudrait dire qu’elle serait déjà connue dans le monde entier et qu’il suffirait d’aller sur Google Play ou l’Apple Store pour l’avoir ! Comme c’est la dernière en dat , on est encore en phase de bêta test, c’est-à dire qu’elle est testée par certains utilisateurs. Mais de toutes façons elle est plus faite pour  l’Afrique que pour la France et l’Europe par exemple. Ici, c’est différent les gens respectent généralement un code de la route, il y a moins d’infractions et la police est là pour sanctionner. Là-bas, en Afrique, c’est différend, il faut faire cette éducation routière. C’est une application d’éducation routière en fait.

Par rapport à la France combien y a t-il d’applications en Afrique ?

ML C:  Comment répondre à cette question ? Je vais répondre autrement, mais vous allez comprendre… Les applications qui sont disponibles en France, en Europe ou aux États-Unis, les Africains peuvent aussi y avoir accès. Pour utiliser une application il faut simplement passer par un market [magasin en ligne, ndlr] et la télécharger, à condition d’avoir une connexion Internet bien sûr. Maintenant il y a d’autres applications qui sont spécifiques à l’Afrique  et qui répondent aux besoins Africains, comme il y a des applications qui peuvent répondent aux besoins des Français. La différence est que les premières sont peu développées, car il n’y a pas encore une vraie culture africaine pour faire des applications utilisées sur pleins de téléphones et qui répondent à des besoins réelles. La majorité des applications qui sont utilisées sont françaises, américaines ou d’autres pays. Je ne connais pas le nombre exact, mais je dirais qu’il y en a trois fois moins en Afrique qu’en France.

INTERVIEW : JULIETTE GABORY, AZENOR MENTEC ET LOUISE ROBILLARD, PHOTOS : CC CARSTEN TEN BRINK ET ERIK HERSMAN.

Share this:
Share this page via Email Share this page via Stumble Upon Share this page via Digg this Share this page via Facebook Share this page via Twitter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *