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Annick ou la culture de la générosité


Elle a le teint vif de ceux qui aiment le grand air. Cette habitante bien connue du quartier des Dervallières est encore toute étonnée de l’intérêt qu’elle suscite depuis des années ; sans manière elle me montre les nombreux articles qui lui ont été consacrés depuis maintenant 25 ans qu’elle s’applique à aider, divertir, soutenir et rassembler les habitants du quartier, tous âges confondus.

Quand je lui demande, impressionnée par tant d’initiatives et de générosité, si elle se considère un peu comme la mémoire de ce quartier, elle me répond que non, « la mémoire du quartier, c’est trop pour moi ! », éclatant d’un rire chaleureux.
Ce rire bienveillant viendra souvent ponctuer ses mots sans prétention et dans son regard qui pétille de douceur, malgré la gêne qu’elle montre à être ainsi le centre de l’intérêt, je lis l’humilité et le cœur immense d’une femme qui est tout simplement « née comme ça ».

Une nature altruiste et courageuse

Le cœur solide et dévoué du quartier, c’est bien ce qu’Annick incarne depuis déjà plus de 30 ans qu’elle habite aux Dervallières.
Une tradition de l’accueil et de l’entraide qu’elle a connue dès son plus jeune âge, dans un bourg d’Ile-et-Vilaine.
« Mon enfance c’était à la campagne, avec la porte ouverte […] ça m’a fait un choc d’arriver en ville » me confie t-elle.
C’est ainsi qu’elle n’aura de cesse, dès son arrivée dans le quartier, de faire revivre cet esprit de solidarité et de camaraderie qui manque trop souvent aux métropoles modernes, à travers de multiples projets.
Elle organise pour les plus jeunes  des sorties au parc de la Fromentine avec la collaboration du Gares. Pour leurs ainés, soirée dansante, fête des Rois, repas et rencontres animent les paliers et les halls des différents immeubles qu’elle a habités dans le quartier.

Car Annick a accompli tant de choses au long des années, a fait bénéficier tant de personnes de son énergie étonnante, des enfants d’une amie qu’elle a recueillis dans sa famille au décès de celle-ci, aux anciens détenus qu’elle hébergeait avec l’association l’Etape.

Sans compter son engagement de militante au sein de la Confédération Syndicale des Familles, et aujourd’hui dans l’Amicale des Retraités, des activités qui lui demandent encore du temps et du dévouement.
Même si elle est ravie de partager les souvenirs de ces années, je vois bien que pour Annick, au fond, il n’y a rien de si extraordinaire à tout cela : tout ce qu’elle a fait, elle l’a juste fait « de bon cœur de toute manière ».

L’audace d’une femme sans préjugés

« Beaucoup de gens ont peur, ils rentrent à 18h chez eux, ils ferment la porte, ils ont peur…moi j’arrive pas à comprendre ». Derrière la pudeur qu’elle manifeste à plusieurs reprises, je sens pourtant un esprit combatif, une résistante qui ne s’en laisse pas conter.
Annick Garat ne veut surtout pas entendre parler de la réputation de son quartier, elle qui n’a jamais eu peur de se promener seule le soir.

C’est une femme attachante et dynamique. Aussi à l’aise dans son jardin, à discuter avec les familles turques, ou échangeant histoires et confitures avec ses voisins, que dans le bureau des élus qu’elle n’hésite pas à rencontrer en citoyenne curieuse et décidée.

« Si j’ai pas envie je le fais pas, c’est comme ça ». C’est aussi simple que ça pour Annick, c’est juste la volonté et l’envie de faire bouger.
Elle me fait vite comprendre qu’elle préfère l’action aux belles paroles. Quand elle s’anime et se redresse, toute guillerette, c’est pour évoquer ses chers jardins, ce havre de paix et d’amitié : « dès le printemps on est tous là-bas, il faut venir ! ».

L’invitation est prise, toujours avec le sourire. On ne peut que ressentir cette vitalité terrienne, l’envie de bouger, de sortir parcourir ce quartier qu’elle aime tant. Annick Garat est ainsi : elle vous donne envie de la suivre, d’oser, d’aller vers les autres.

 

Georgina Belin

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