Wesley Korir, l’engagement politique né d’un drame familial

Wesley Korir, marathonien kényan de 33 ans, s’investit (aussi) dans la politique et le développement de son pays. Focus sur un engagement à toute épreuve.

TEXTE : Camille Bertrand et Leslie Brunie, PHOTOS : CC Hyunah Jang/BUNS et Michael Dorausch.

Wesley Korir à la fin du marathon de Boston  CC Hyunah Jang/Boston University News Service

Wesley Korir à la fin du marathon de Boston CC Hyunah Jang/Boston University News Service

C’était en 1994. Le marathonien kényan Wesley Korir assiste, impuissant, au décès de son frère suite à une morsure de serpent. Sa famille tente de le transporter à l’hôpital, mais à cause de la distance il décède sur la route, faute de soins.

Depuis, Wesley Korir a décidé de se battre en faveur de l’accès aux soins dans son pays. Ainsi, en 2007, en plein milieu d’un conflit politique lié a l’élection présidentielle, il s’investit pour le développement de son pays.

Œuvrant dans le domaine éducatif au Kenya, il a créé avec sa femme la Kenyan Kids Foundation, qu’il préside toujours aujourd’hui. Lui-même a d’ailleurs été aidé financièrement par des organisations privées lors de ses études.

Mais sa priorité politique reste l’accès aux soins. Il parvient d’ailleurs à faire construire un hôpital dans sa ville natale de Kitale, dans l’Ouest du Kenya, et à y faire venir des médecins

Élu en 2013 à l’Assemblée nationale du Kenya

Wesley Korir au marathon de Los Angeles en 2009 CC Michael Dorausch

Wesley Korir au marathon de Los Angeles en 2009 CC Michael Dorausch

En 2013, il se présente aux élections législatives en tant que candidat indépendant dans le comté de Cherangani, sa région d’origine. Le 4 mars, il remporte l’élection et est élu député de l’Assemblée nationale du Kenya, le seul siégeant comme indépendant – « ne me regardait pas comme le membre d’un parti » aime t-il à dire.

« La campagne électorale à été rude. En tant qu’athlète et candidat indépendant, ça n’a pas été facile pour moi », déclare l’athlète à l’AFP depuis Kitale, à un peu plus de 300 km au nord-ouest de la capitale du Kenya, Nairobi.

« La campagne a coûté très cher. Les élections kényanes sont basées sur le programme des partis, mais la façon dont j’ai conduit le mienne, sur les problèmes de développement, a convaincu beaucoup d’électeurs », complète t-il.

Wesley Korir combine sa carrière d’homme politique avec sa carrière de coureur professionnel. Il multiplie les allers-retours entre le Kenya et les États-Unis, où il vit aujourd’hui.

L’âme d’un coureur

Wesley Korir au marathon Boston en 2012 CC Hyunah Jang/Boston University News Service

Wesley Korir au marathon Boston en 2012 CC Hyunah Jang/Boston University News Service

Marathonien dans l’âme, il participe à tous les marathons possibles, tel celui de Chicago (États-Unis) en 2012, qu’ il remporte en 2 h 6 min 13s – son record personnel – ou à Los Angeles, deux ans auparavant. Il court aussi l’édition 2012 du marathon de Boston lors de laquelle est commis un double attentat, qui tue trois personnes et en blesse 264 autres.

« La joie que nous avons tous ressentie nous a été enlevée », déclare Wesley Korir après la course, dans une interview à la BBC. Il affirme néanmoins vouloir continuer à participer à des marathons, même à Boston. Et le Kényan tient parole en y revenant deux fois (2013 puis 2015). Il philosophe : « Mon attitude envers les marathons ne changera jamais, mais mon attitude à la vie peut changer ». Prochain défi, sa réélection comme député dans un an, avec l’espoir de « devenir un jour président du Kenya ».

TEXTE : Camille Bertrand et Leslie Brunie, PHOTOS : CC Hyunah Jang/BUNS et Michael Dorausch.

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